CONFORTER LA VOCATION PRODUCTIVE DU SITE EN L’ADAPTANT PROGRESSIVEMENT AUX INONDATIONS






Le terme anglais upcycling a été utilisé pour la première fois par Reiner Piltz dans les années 1990. Ancien ingénieur mécanique, il se reconvertit dans l’aménagement intérieur et s’intéresse alors à l’utilisation des déchets produits par nos sociétés. Tandis que l’époque prône la consommation de masse et l’usage unique dans tous les domaines, il dénonce l’absence de revalorisation de nos déchets. Il propose alors un concept encore peu connu dans les sociétés des pays occidentaux : l’upcycling. Up signifie « tirer vers le haut », et cycling est une contraction du mot « recycler », que l’on pourrait ainsi traduire par « recycler vers le haut » (source : Marie Distinguin, 2021). L’upcycling se différencie du recyclage par sa visée beaucoup plus esthétique. De jeunes créateurs de mode, avec lesquels nous sommes entrés en contact, donnent aujourd’hui avec succès un peu d’épaisseur à ce concept en vogue dans le domaine de l’économie sociale et solidaire. Ils sont à la recherche d’ateliers plus vastes et adaptés à leurs besoins – introuvables ou hors de prix à Paris. Or un programme bien ciblé dans le Parc du Confluent suscite chez eux un vif intérêt car ils sont guidés par des choix éthiques et environnementaux assumés. La relative proximité avec Paris, l’idée de tirer bénéfice de l’excellence d’Hermès, un réservoir de main d’œuvre à l’échelle du bassin d’emploi de Montereau, des loyers supposés avantageux et surtout des bâtiments ingénieux composés de cellules « résilientes » aux inondations et favorables aux synergies entre les locataires sont quelques-uns des facteurs d’attractivité du programme.
L’intérêt de ces entreprises envers le Parc du Confluent, historiquement industriel, est aussi à rechercher du côté de la nature même de leur plan de développement. Elles doivent en effet produire en France à des coûts suffisamment compétitifs pour accéder au marché de la création et du surtout du prêt à porter, et en corollaire mettre en place un process de fabrication industrialisé. Cette activité peut au reste en générer de nouvelles puisque, par exemple, les chutes de tissu peuvent à leur tour être recyclées par des industries dédiés à l’isolation – c’est pourquoi l’effet d’entrainement ne se limite pas aux secteurs du textile et la maroquinerie. L’upcycling c’est aussi, au-delà du programme propre au bâtiment de 6 000 m2 réhabilité et de la spécialisation que pourrait ainsi amorcer le Parc, le principe même appliqué à l’échelle du site : un recyclage très progressif autour du « noyau » que constitue Hermès par un jeu astucieux d’investissements. La Communauté de Communes du Pays de Montereau pourrait précipiter le processus en mettant en œuvre une stratégie patiente, et au fond peu risquée, en fonction notamment de l’état des bâtiments qu’elle connaît désormais (Synopter, 2019) et des possibilités de transformation – à l’image du premier bâtiment d’upcycling (notre programme estimé à 5 700 000 € sur 5 ans) qu’elle pourrait prendre au moins en partie en charge, en association avec de futurs locataires (et potentiels investisseurs) et des acteurs institutionnels rodés à ces exercices (CDC, etc.).